Fortunes de l’Hôtellerie Restauration 2018 : ils ne sont plus que 25 !

Fortunes de l’Hôtellerie Restauration 2018 : ils ne sont plus que 25 !

 

Nos deux seuls milliardaires cette année. Pierre Bellon, 88 ans, et Louis Le Duff, 72 ans, deux bâtisseurs d’empire. Restauration et services concédés d’un côté. Filière intégrée de l’autre, des usines agro-alimentaire aux points de restauration franchisés. L’un coté en bourse et ayant assuré sa succession managériale. L’autre non coté et toujours dirigé par son fondateur.

 

Fortunes de l’Hôtellerie Restauration 2018 : ils ne sont plus que 25 !

Coup d’arrêt à l’essor des grandes fortunes professionnelles de la branche. Pour la première fois depuis 2010, date de notre première étude annuelle, le nombre de milliardaires ainsi que la valeur totale de leurs richesses ont diminué d’une année sur l’autre.

Selon les comptages que nous avons effectués à partir du classement 2018 établi par le magazine Challenges, ils ne sont plus que 25 cette année à figurer dans le Top 500. C’est 1 de moins qu’en 2017 et 10 de moins qu’en 2015.

Quant à leur pactole, il marque également un recul. Il atteint 15,900 milliards d’euros après avoir franchi la barre des 16 milliards en 2017. Dans la même période, la richesse cumulée des 500 milliardaires et multimillionnaires de France est passé de 570 milliards à 650 milliards, soit une hausse de + 14 % en 1 an seulement…

Ce repli de la branche est sans doute de court terme et conjoncturel. Il est d’ailleurs largement déconnecté de la réalité du marché, en nette progression en 2017, tant en Restauration, après des années de quasi stagnation, qu’en Hôtellerie. Un repli qui s’explique avant tout par la sortie simultanée du classement de trois poids lourds pesant plus de 1 milliard. La fortune de chacun d’entre eux se situe désormais en dessous du seuil des 140 millions d’euros requis pour entrer dans le classement, en 500 ème position.

A commencer par celle de Bernard Bellon. Le frère du fondateur de Sodexo, Pierre Bellon, cède progressivement au fil des ans sa participation dans le groupe familial de restauration et services. Elle valait encore 730 millions d’euros en 2016, elle n’en vaut plus que 85 aujourd’hui, selon Challenges.

Forte dépréciation également pour Gérard Brémont. Le pactole du fondateur et toujours PDG à 80 ans de Pierre & Vacances a pesé jusqu’à 492 millions d’euros en 2007 pour se dégonfler à 129 millions cette année.

Quant à Olivier Carvin, le fondateur de Maranatha, la débacle financière de son groupe hôtelier, par excès d’endettement, lui vaut de peser 129 millions d’euros selon Challenges (estimation qui interroge, puisqu’il ne possède personnellement que quelques pourcents des actifs de son groupe) quand il en valait encore 400 en 2017.

A cette hémorragie de multi millionnaires dans une branche qui en compte finalement peu au regard de son poids dans le PIB français (La filière Tourisme dans son ensemble représente 7,6 % du PIB français mais seulement 2,4 % de la valeur du Top 500 des fortunes), s’ajoute la dépréciation de quelque 570 millions d’euros de la fortune de Robert Zolade. Celui qui fut en 20017 le troisième milliardaire de l’Hôtellerie Restauration a réduit sa participation dans Elior (22,7 % vs 27 en 2017), le groupe qu’il a co fondé en 1991, tandis que l’action Elior perdait environ 25 % de sa valeur.

Ces sorties et cette baisse n’ont donc pas été compensées par des hausses et des entrées suffisantes (voir ci-dessous le portrait des entrants Shlomo Marciano et Thierry Bourdoncle). Mais des hausses sont bien au rendez-vous. Le tissu des fortunés continue de se régénérer et de s’étendre à coup d’acquisitions, favorisées par des taux d’intérêt bancaire très bas.

A commencer par la richesse du restaurateur Olivier Bertrand (groupe Flo, Burger King France, Angelina…) dont la fortune professionnelle est passée de 330 millions l’an dernier (et 280 en 2016) à 450 cette année (+36,4 %).

On peut aussi citer celle des Bretons frère et soeur Jacques Gad et Françoise Roblin, qui contrôlent le groupe hôtelier Cofigad. Leur patrimoine professionnelle atteint aujourd’hui à 450 millions d’euros, soit 100 millions de plus qu’en 2017 (et 250 de plus qu’en 2016). Une hausse de +28,6 % qui s’explique par le développement de leur parc hôtelier (des franchises AccorHotels) qui compte aujourd’hui, selon les déclarations du duo Gad-Robin 24 hôtels en France (dont 18 dans Paris intra-muros, soit 1820 chambres) et 6 hôtels en Suisse, pour 700 chambres. 1 an plus tôt, il comptait 20 établissements pour 1500 chambres.

Fortunes de l’Hôtellerie Restauration 2018 : ils ne sont plus que 25 !Le classement 2018
en millions d’euros, extrait du classement

  • N°20 – Pierre Bellon et ses enfants – 5 100 M€ – Sodexo – Restauration et services
  • N°41 – Louis Le Duff – 2 200 M€ – Groupe Le Duff – Agroalimentaire et Restauration
Fortunes de l’Hôtellerie Restauration 2018 : ils ne sont plus que 25 !

French hotel and casinos Groupe Lucien Barriere Chief Executif Officer Dominique Desseigne poses, on June 7, 2012 at the Hotel de la Marine in Paris, prior to the yearly charity gala organized by Maud Fontenoy’s Foundation, as part of the International Day for Oceans. AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

  • N°114 – Famille Desseigne-Barrière – 800 M€ – Groupe Lucien Barrière – Casino et Hôtellerie
  • N°132 – Didier Ferré et sa famille – 700 M€ – Ferré Hôtels – Hôtellerie
  • N°147 – Robert Zolade – 650 M€ – Elior – Restauration sous contrat
  • N°154 – Marie Farines et sa famille – 500 M€ – Groupe Privilège – Hôtellerie
  • N°169 – Pierre Esnée et sa famille – 550 M€ – SD2P – Hôtellerie
  • N°169 – Stanislas Rollin et sa famille – 500 M€ – Boissée Finances – Hôtellerie

 

  • N°199 – Olivier Bertrand – 450 M€ – Groupe Bertrand – Restauration
  • N°199 – Jacques Gad et Françoise Roblin et famille – 450 M€ -Cofigar – Hôtellerie
  • N°220 – Jean-Claude Lavorel et sa famille – 400 M€ – Les Clés du Luxe – Hôtellerie
  • N°252- Jean-Louis Costes – 360 M€ – JLC Hôtel Costes – Hôtellerie et Restauration
  • N°252 – Olivier Sadran – 360 M€ – Newrest – Restauration
  • N°258 – Jean-Bernard et Céline Falco et famille – 350 M€ – Paris Inn Group – Hôtellerie
  • N°292 – Jeanne Augier – 300 M€ – Negresco – Hôtellerie
  • N°336 – Serge Cachan et Frères – 260 M€ – Astotel – Hôtellerie
  • N°336 – Paul Dubrule – 260 M€ – AccorHotels – Hôtellerie et services
  • N°341 – Gilbert et Thierry Costes – 250 M€ – groupe Beaumarly – Restauration et Hôtellerie
  • N°373 – Alexandre Allard – 220 M€ – groupe Allard – Hôtellerie

 

  • N°395 – Anne Jousse et famille Bessé – 200 M€ – groupe Bessé Signature – Hôtellerie
  • N°395 – Shlomo Marciano – 200 M€ – La Clé groupe – Hôtellerie
  • N°419 – Gérard Pélisson – 195 M€- AccorHotels – Hôtellerie et services
  • N°428 – Thierry et Chrystel Bourdoncle – 180 M€ – Groupe Bourdoncle – Restauration
  • N°460 – Gérard, Christophe et Alexandre Joulie – 160 M€ – Groupe Joulie – Restauration
  • N°473 – Hugues et Loïc Giroud et famille – 150 M€ – Sogepar – Hôtellerie

 

Parmi ces 25 grands fortunés, 2 entrent dans le classement, 13 ont vu leur fortune progresser, tandis qu’elle restait stable pour 9 autres.

Un seul de ces 25 grands fortunés, Robert Zolade, le co fondateur d’Elior, a vu sa fortune diminuer en 2018 dans les chiffres de Challenges. Celle-ci est passée de 1,220 milliards d’euros à 650 millions d’euros (-47 %).

Précisions : nous n’avons pas retenu dans ce classement les fortunes dont les activités de l’hôtellerie restauration ne constituent pas le principal actif du patrimoine professionnel. C’est le cas de Francis Holder (groupe Holder, agro-alimentaire, 600 M€), de Michel Reybier(Domaines Reybier, Hôtellerie et vins, 1100 M€, propriétaire des hôtels La Réserve et du concept hôtelier MOB) et de Hubert Guillard et sa famille (CHG Participations, Assurances et Hôtellerie, 400 M€). Non retenus également les fournisseurs de la branche comme Hugues Dewavrin et sa famille (Pomona, 500 M€) et la famille Richard  (Café Richard, 300 M€).

Par ailleurs, pour la même raison, nous avons à nouveau sorti du classement 2018 Martine Primat (Primland, 2 300 M€), classée l’an dernier en Hôtellerie auparavant dans les services pétroliers. La veuve du petit-fils du fondateur de la compagnie Schlumberger possède quatre très beaux domaines hôteliers dont Primland en Virginie (Etats-Unis) et Le Domaine des Etangs en Charente

Contestent l’évaluation de Challenges et refusent de figurer dans son classement : Pierre Esnée et Serge Cachan

« Les fortunes de la majorité de nos fortunés sont le fruit d’une aventure entrepreneuriale qui associe en particulier le sens de l’innovation et de l’anticipation, le goût Et la maîtrise du risque. Ajoutons-y deux caractéristiques plus humaines qu’économiques celles-ci : une grande ambition personnelle et une forte personnalité (frisant parfois le caractériel…) » HR-infos


Focus sur les deux entrants 2018…

Source : HR-infos et magazine Challenges – N° 573 – 5 juillet 2018

  • Thierry et Chrystel Bourdoncle – groupe Bourdoncle : Thierry Bourdoncle d’Auvergnats, propriétaire de 20 restaurants, à Paris et en province s’est associé en 2017 avec le fonds Perceva pour bâtir un nouvel acteur de la restauration. A Paris, il possède notamment le Café Mabillon, le Brebant et Le Hibou, et en province, Le Sénéquier à Saint-Tropez.
  • Shlomo Marciano – La Clef groupe : propriétaire de la marque Rodier et d’immeubles à Paris, cet entrepreneur a investi dans la création des hôtels Bachaumont, Arts et Métiers à Paris, et du White à Tel-Aviv.
… Et sur les trois sortants de 2017
(Classement et fortune en 2017)
  • N°163 – Bernard Bellon et sa famille – 545 M€ – Sodexo – Restauration et services
  • N°208 – Olivier Carvin – 400 M€ – Groupe Maranatha – Hôtellerie
  • N°382 – Gérard Brémond– 195 M€ – Pierre & Vacances – Center Parcs

Méthodologie

  •   Par fortunes, Challenges entend « fortunes professionnelles ». Calculées, pour les sociétés cotées, à partir des cours de boursemultipliés par le nombre d’actions détenues, et pour les sociétés non cotées, à partir de leurs chiffres d’affaires, résultats et actifs nets
  •   Les estimations sont soumises aux intéressés, selon une procédure contradictoire qui permet de les corriger ou de les contester publiquement.
  • Sont exclus des chiffrages les biens immobiliers détenus à titre personnel, les oeuvres d’art et les signes extérieurs de richesse.

Enquête : magazine Challenges
Texte : Jean-François Vuillerme, avec le magazine Challenges pour les « Focus »

HÔTELLERIE : A-T-ON ENCORE BESOIN DES LABELS DE QUALITÉ ?HR Infos

 

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous