Facture des gilets jaunes :850 millions de pertes pour les hôtels restaurants cafés

Facture des gilets jaunes :850 millions de pertes pour les hôtels restaurants cafés

Mercredi, sur Europe 1, Damien Abad, député de la 5ème circonscription de l’Ain, président de la ‘Mission impact gilet jaune’ a expliqué quel impact le mouvement des “gilets jaunes” avait eu sur l’économie française.
Facture des gilets jaunes :850 millions de pertes pour les hôtels restaurants cafés

Yellow Vest protesters destroy the windows of the restaurant “The Fouquet’s” on the Champs-Elysees in Paris on March 16, 2019, during clashes with riot police forces on the 18th consecutive Saturday of demonstrations called by the ‘Yellow Vest’ (gilets jaunes) movement. – Demonstrators hit French city streets again on March 16, for a 18th consecutive week of nationwide protest against the French President’s policies and his top-down style of governing, high cost of living, government tax reforms and for more “social and economic justice.” (Photo by Zakaria ABDELKAFI / AFP)

INTERVIEW

Le mouvement des “gilets jaunes” a eu un impact global relativement “modéré” sur l’économie française mais a entraîné des coûts “considérables” voire “ineffaçables” pour certaines entreprises ou certains secteurs d’activité, selon un rapport parlementaire publié mardi. “Quand on regarde les choses d’un point de vue macroéconomique on se rend compte que l’impact n’est pas désastreux même s’il est important”, confirme Damien Abad, député de la 5ème circonscription de l’Ain, président de la ‘Mission impact gilet jaune’ invité mercredi au micro de François Clauss sur Europe 1. Le coût macroéconomique global est ainsi estimé à 0,1 point de PIB au dernier trimestre de l’année 2018, ce qui est relativement faible par rapport à la richesse nationale.

“Mais quand on regarde les choses d’un point de vue micro économique, on constate des détresses personnelles, des défaillances d’entreprises, des commerçants qui doivent mettre la clé sous la porte. Derrière les statistiques, il y a une réalité beaucoup plus sombre”, souligne-t-il.

 

“La consommation s’est déplacée du centre-ville vers la périphérie”

Selon le rapport parlementaire, les commerçants ont été les plus durement touchés par l’impact des manifestations. “On a eu l’occasion de faire un certain nombre de déplacements dans les grandes villes. On a constaté que la consommation s’est déplacée du centre-ville vers la périphérie, les consommateurs se sont adaptés au contexte local et il y a eu une déperdition pour le commerce de centre-ville, le commerce de proximité”, pointe Damien Abad. “C’est pour cela qu’il est important de prévoir un plan de redynamisation du centre ville”.

 

“On n’accuse pas les ‘gilets jaunes’ en tant que tel”

Les collectivités, le tourisme ont également souffert des violences survenues en marge des manifestations. “On a constaté au 1er trimestre une baisse de la fréquentation touristique de l’ordre de 2,5 % au niveau national et près de 5 % pour la clientèle étrangère”, ajoute le député. “On a aussi remarqué une perdition dans les théâtres, les musées et un effet beaucoup plus marqués dans les centres-villes à Paris et dans les grandes villes de province. C’est aussi l’image de la France qui en pâti”, déplore le parlementaire.

Il ajoute toutefois ne pas porter de jugement sur le mouvement des ‘gilets jaunes’ en tant que tel. “Ce n’est pas une mission pro ou anti-gilets. On analyse les conséquences économiques en marge des “gilets jaunes”. On n’accuse pas les “gilets jaunes” en tant que tel mais force est de constater qu’il y a cette réalité économique de perte et de coûts notamment pour les commerçants et pour les artisans. ”

Focus sur les 10 chiffres clés à retenir de cette mission:

  • 0,1 point de PIB

Le coût macroéconomique global a été estimé à 0,1 point de PIB et ce, au dernier trimestre de l’année 2018. Le rapport note que ce chiffre reste “relativement faible par rapport à la richesse nationale”. Mais note que “l’impact des violences sur l’activité est conséquent et cette perspective macroéconomique est loin de refléter l’étendue des répercussions économiques liées aux débordements”.

  • 850 millions de pertes pour les hôtels restaurants cafés

Le tourisme a beaucoup souffert de la crise des gilets jaunes. Le taux de fréquentation hôtelière au premier trimestre 2019 est en repli de 2,5 % par rapport à l’année précédente, note ce rapport. Et cette baisse fait suite à deux ans de hausse trimestrielle continue. Les hôtels restaurants cafés (HCR) ont de leur côté enregistré selon l’Union des entreprises de proximité (U2P) des pertes qui avoisinent les 850 millions d’euros.

  • 217 millions de préjudices

Les assureurs ont indemnisé 217 millions de préjudices, qui recouvrent essentiellement des vols, des incendies, des dégradations et des pillages. Les dégâts matériels subis par les entreprises représentent une part importante des charges, mais “ce chiffre ne correspond qu’à la partie émergée de l’iceberg”.

  • Entre 20 et 30% de pertes de chiffre d’affaires pour les commerces de centres-villes

La baisse de fréquentation des centres-villes le samedi a par exemple causé des pertes de chiffre d’affaires comprises entre 20 et 30 % pour les commerces s’y trouvant.

  • 2 milliards de pertes pour les centres commerciaux

Les centres commerciaux ont fait état de pertes de l’ordre de 2 milliards d’euros. Le secteur de l’habillement et du cuir a été considérablement affecté par le mouvement, comme cela ressort des études de l’INSEE. Selon les professionnels du secteur, les résultats de l’habillement pour l’année 2018 sont entre 9 et 15 % inférieurs à ceux enregistrés pour l’année 2017.

 

Face à la crise des gilets jaunes, l’État a fait face à des coûts directs de rémunération de forces de l’ordre au titre des heures supplémentaires effectuées. Aau moins 46,08 millions d’euros ont ainsi dû être mobilisés pour permettre aux policiers et gendarmes de répondre à la crise, ainsi qu’à la prise en charge de certaines dégradations physiques.

  • La remise en état des radars détruits pourrait coûter 71 millions

La remise en état des 2.410 radars détruits et des 577 abîmés pourrait à terme coûter 71 millions d’euros, observe ce rapport. Des pertes de recettes fiscales importantes sont également à prévoir, bien que leur ampleur précise ne puisse être connue qu’à la fin de l’exercice budgétaire.

  • 30 millions pour les collectivités territoriales

Les collectivités territoriales, et en premier lieu les communes, se sont trouvées en première ligne face à la gestion du mouvement et de ses impacts. France urbaine évalue ainsi les coûts afférents à 30 millions d’euros.

  • 112 millions de délais de paiement

Des délais de paiement de cotisations sociales ont été accordés à hauteur d’environ 112 millions d’euros, ainsi que 86 millions d’euros de reports de terme.

  • 13 millions de soutien à l’activité partielle

Un soutien à l’activité partielle, de l’ordre de 13 millions d’euros pour l’ensemble des entreprises aidées, a été mis en œuvre, ainsi que des garanties plus importantes de la part de Bpifrance pour le renforcement de trésoreries. À ces mesures d’effet immédiat s’ajoute une volonté d’action à moyen terme, matérialisée par un plan renforcé en faveur de la revitalisation des centres-villes, note le rapport. Ce plan permettra à 34 villes de disposer de 5,49 millions d’euros pour financer des projets de dynamisation du commerce local.

Sources Europe1   Challanges

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