« Mes hôtels perdent l’équivalent de quatre SMIC chargés par jour de grève »

« Mes hôtels perdent l’équivalent de quatre SMIC chargés par jour de grève »

 

Jean-Bernard Falco, le président du groupe hôtelier Paris Inn, qui exploite 24 établissements de catégorie 4 ou 5 étoiles dans la capitale, anticipe une baisse de l’ordre de 20 % de son chiffre d’affaires cette semaine. Il ne constate pas encore d’annulation pour le jour de l’an. 400 chambres ont été réquisitionnées pour loger le personnel.

 

 

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                                                         Jean-Bernard Falco, le président-fondateur de Paris Inn.

Le groupe hôtelier Paris Inn exploite 24 établissements de catégorie 4 ou 5 étoiles dans la capitale, une nouvelle unité (un 5 étoiles) devant être ouverte au premier trimestre 2020. Dans un entretien, son président fondateur, Jean-Bernard Falco, fait le point sur les conséquences de la grève.

A ce stade, quelles sont les conséquences des grèves dans les transports sur votre activité ?

En moyenne, nos établissements ont accusé une baisse de leur chiffre d’affaires de 10 à 12 % au cours de la semaine passée (du 2 au 8 décembre) mais la base de comparaison est favorable. Nous enregistrons une hausse de l’ordre de 5 % sur le week-end, et même de 10 % pour la seule journée de dimanche. Un an auparavant, l’activité lors du premier week-end de décembre avait été mauvaise du fait du mouvement des « gilets jaunes ». Si l’on compare l’activité de ce premier week-end de décembre 2019 à celle enregistrée deux ans auparavant, elle est en retrait de 20 %. Pour la journée de jeudi dernier, premier jour de la grève, la baisse de chiffre d’affaires de nos établissements est de l’ordre de 30 à 40 % par rapport à celui enregistré un an auparavant. Pour  la semaine qui vient de commencer , on est, à ce stade, sur une tendance à -20 %. Globalement, on perd 80.000 euros de chiffre d’affaires par jour, soit quasiment le coût annuel de deux emplois de cadres avec charges, quatre SMIC « chargés » soit l’équivalent de quatre emplois de femmes de chambre ou de veilleurs de nuit. La perte d’exploitation s’élève à 36.000 euros.

Dans ce contexte, quelles sont vos perspectives pour la fin de l’année, traditionnellement porteuse ?

Plus que Noël, ce sont surtout les journées autour du 1er de l’An qui sont importantes. Pour l’instant, nous ne constatons pas d’annulations. Mais, évidemment, cela peut changer très vite. Cela va dépendre de ce qui se passe cette semaine. Entre les « gilets jaunes » et les grèves, on ne projette pas une image sympathique de la  destination France . Le tourisme, qui est notre premier secteur économique, n’intéresse visiblement personne.

Compte tenu des difficultés de transport, comment faites-vous pour faire « tourner » vos établissements ?

Nous avons mis en place un système de solidarité en interne. Nous avons réquisitionné 400 chambres pour loger nos personnels les plus affectés par ces problèmes de transport. Il s’agit en particulier de nos veilleurs de nuit et des femmes de chambre. Mais, il ne faut pas croire que les gens soient heureux de vivre à l’hôtel. Ils aimeraient être avec leur famille. Par ailleurs, nous faisons du covoiturage avec ceux qui ont la possibilité de récupérer des collègues en banlieue. Nous prenons également en charge des taxis, mais ceux-ci se font rares.

S’agissant des approvisionnements, nous n’avons pas de difficultés à déplorer. Nos fournisseurs font un travail remarquable avec, notamment, des livraisons en pleine nuit. Par ailleurs, la grève étant annoncée, nous avons surstocké certains produits. Ceci dit, la mesure a ses limites. La taille de nos établissements reste modérée. Et puis on ne peut pas surstocker les produits frais.

Christophe Palierse

Source Les Echos 

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