2016 est une mauvaise année pour l'Hôtellerie Parisienne

Le groupe est parfaitement sain et n’est pas du tout sous administration judiciaire. Mais il est vrai aussi que nous avons eu un problème ponctuel sur une de nos sociétés.

2016 est une mauvaise année pour l’Hôtellerie Parisienne

 

Olivier Carvin, président du groupe Maranatha, fait le point sur la situation de l’hôtellerie parisienne face aux menaces d’attentats, aux grèves et à l’Euro 2016.

2016 est une mauvaise année pour l'Hôtellerie Parisienne

Un militaire patrouille devant la Tour Eiffel. FRANCOIS GUILLOT / AFPUn militaire patrouille devant la Tour Eiffel. FRANCOIS GUILLOT / AFP

De janvier à fin avril, le nombre de touristes étrangers a baissé de 11% en Ile-de-France, les Japonais étant les plus frileux, avec une chute de plus de 50%, selon le Comité régional du Tourisme. “On vit sans doute les plus difficiles saisons touristiques depuis une dizaine d’années à Paris et en Ile-de-France.

Les chiffres ne sont pas bons car nous avons une baisse de 11% des touristes étrangers sur les quatre premiers mois de l’année”, a expliqué François Navarro, directeur général du Comité régional du Tourisme (CRT). Pour l’unique ville de Paris, la baisse des touristes étrangers est de 13,7% Olivier Carvin, président du groupe Maranatha, groupe de 60 hôtels, majoritairement parisien (Chiffre d’affaires: 100 millions d’euros) fait le point.

Coup sur coup, deux directeurs d’hotels (Didier le Calvez, au Bristol, et Nicolas Béliard, au Peninsula) ont été limogés. Des départs qui illustrent le malaise du marché parisien, en chute libre. Comment se porte l’hôtellerie à Paris aujourd’hui?

Ce n’est pas l’euphorie, je ne vous le cache pas, avec les attentats à Paris, l’an dernier, puis celui de Bruxelles, sans compter les grèves, la concurrence d’Airbnb et même l’Euro qui fait plutôt fuir les touristes à Paris… Le secteur a vu son chiffre d’affaires reculer de 17 à 30% depuis le début de l’année. L’année 2016 ne sera pas bonne. Et 2017, qui est une année d’élection, s’annonce à peine plus facile!

Selon la mairie de Paris, les taux d’occupation depuis trois mois sont passés sous les 60%. Comment se comporte votre groupe?

Nous avons une quarantaine d’hôtels et nous réalisons environ 80% de notre activité dans la capitale. Depuis le début de l’année, notre activité a aussi reculé. Mais seulement de 10%: nous avons réussi à maintenir notre taux d’occupation entre 75 et 80% mais au prix, il faut le reconnaître, de baisses de prix qui nous a permis de conserver notre clientèle. Nous terminerons l’année avec un résultat d’exploitation entre 8 et 10 millions. C’est moins qu’espéré, mais, au vu des circonstances, ce n’est pas si mal.

Challenges, dans les confidentiels de la semaine dernière, annonçait que deux administrateurs avaient été nommés pour redresser le groupe. Où en êtes-vous?

Le groupe est parfaitement sain et n’est pas du tout sous administration judiciaire. Mais il est vrai aussi que nous avons eu un problème ponctuel sur une de nos sociétés. Nous faisons en effet construire un hôtel en montagne, à Val Cenis, et nous n’avons pas pu trouver à temps de partenaire pour financer 2 millions d’euros. Nous avons convenu, avec le promoteur, de passer en procédure de conciliation ce qui nous donne quelques mois de délai. Mais attention, nous ne sommes pas sous administration judiciaire!

Vous avez acheté il y a quelques mois le groupe les Hotels du Roy, pour 360 millions. Vous deviez les régler en juillet prochain. Serez-vous en mesure de le faire?

Il s’agit de la plus grosse opération de Maranatha. Et pour la financer, nous avions prévu un apport de 150 millions d’euros d’un fond koweïtien partenaire, 100 millions apportés par des investisseurs et 120 millions venant d’un crédit hypothécaire. Le fond et les investisseurs sont là. Mais nous n’avons pas réussi à nous faire financer par une banque française et nous négocions actuellement avec un préteur étranger. En accord avec le vendeur, nous avons donc repoussé l’échéance à novembre prochain. D’ici là, nous aurons trouvé les fonds…

En vendant votre patrimoine?

Tout à fait. Nous avons engagé plusieurs cessions, notamment sur des établissements achetés il y a trois ans et qui affichent de belles plus-values. Elles nous permettront de faire entrer du cash.

Cela veut dire que vous avez des problèmes de trésorerie?

Non. Notre situation financière est tendue, mais pas plus que celle de tous les hôteliers en ce moment. Notre groupe est sain, avec un horizon de développement de 5 à 7 ans et de beaux cash-flow. Depuis huit ans, nous avons procuré à nos investisseurs un rendement supérieur à 6%. De plus, notre positionnement mixte, corporate et tourisme, dans un segment, le haut de gamme, nous assure d’être moins attaqué que les autres par Airbnb. Je suis là pour développer un groupe patrimonial et familial et j’ai bien l’intention d’y faire travailler mes enfants!

Challenges

Partgagez

Plus d'articles

Ecrivez-nous