Vacances d’été : l’hôtellerie de plein air planche sur une charte sanitaire

Vacances d’été : l’hôtellerie de plein air planche sur une charte sanitaire

 

Dans les campings, l’adoption de règles d’hygiène strictes et la préservation de la distanciation sociale constitueront la clef pour rouvrir et rassurer les vacanciers. L’hôtellerie et la restauration doivent aussi faire des efforts dans ce sens pour rassurer les clients et les inciter à revenir en salle. 

 

«Nous avançons actuellement sur un plan sanitaire complet avec des mesures de fond et un phasage de réouverture possible», affirme Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air.

«Nous avançons actuellement sur un plan sanitaire complet avec des mesures de fond et un phasage de réouverture possible», affirme Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air. synto – stock.adobe.com

Les campeurs sont dans les starting-blocks. La France est l’autre pays du camping derrière les États-Unis, avec 8.000 terrains aménagés. Or, la France sera plus que jamais la destination de l’été 2020. «Plus de 90% de nos clients nous disent ne rien vouloir réserver avant la fin du confinement, mais 38% affirment qu’ils le feront dans les 30 jours qui suivront le déconfinement. Et l’immense majorité (80%) attend des normes sanitaires renforcées avant de se décider », souligne Jérôme Mercier, directeur général de Campings.com, qui révèle ce 23 avril son troisième baromètre des préoccupations de sa communauté de campeurs confinés, afin d’anticiper leurs comportements quand les campings rouvriront.

Le chef de l’État n’a pas donné de date dans son allocution du 13 avril. Cependant le retour progressif des enfants à l’école à partir du 11 mai ouvre des perspectives. Un «Plan camping» des professionnels du secteur emmené par la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air (FNHPA), a été remis mardi 21 avril au gouvernement lors du comité de filière hebdomadaire.

«Nous avançons actuellement sur un plan sanitaire complet avec des mesures de fond et un phasage de réouverture possible, affirme Nicolas Dayot, président de la FNHPA, au Figaro. Ce travail est réalisé en étroite collaboration avec les services de l’État et le gouvernement, qui rendra les arbitrages finaux. Mais nous visons une finalisation début mai. Il s’agit que ce plan soit adapté au contexte sanitaire, mais aussi qu’il soit pragmatique et opérationnel pour tous les campings.»

Neuf familles sur dix affirment vouloir rester dans l’Hexagone, pour être proches de leur système de santé.

Jérôme Mercier, directeur général de Campings.com

Mais sans attendre, Campings.com, leader européen de la réservation d’hébergements de plein air sur Internet, avec près de 2.500 campings en France, a lancé le 14 avril sa propre charte d’engagements sanitaire, intitulée Camping Clean Care+, qui définit quatorze règles renforcées d’hygiène, de prévention et de protection. «Neuf familles sur dix affirment vouloir rester dans l’Hexagone, pour être proches de leur système de santé. Nous devions rassurer», argue Jérôme Mercier.

 

Piscine, mobile homes… des mesures sécurisantes

Le responsable plaide encore : «La pression provient de l’incertitude sur les dates d’ouverture mais aussi sur les services associés. Nous devons inventer un tourisme post-covid 19 qui réponde aux inquiétudes des familles». Déjà, 150 membres du réseau ont signé le texte, dont Côté Ô, qui réunit cinq campings quatre-étoiles en bord de mer. «Il n’y a rien de tels que l’action, le concret», salue sa présidente, Pascale Espaillard. «J’ai aussitôt signé car j’ai trouvé remarquable qu’un professionnel anticipe sur des mesures sécurisantes pour le grand public.» Selon elle, «Il n’y a pas de redondance avec la charte en préparation par les autorités. Nous allons converger», assure-t-elle.

Début avril, Pascale Espaillard qui «applaudit tous les soirs à 20 heures», a souhaité offrir 300 séjours de vacances au personnel soignant «pour que la personne morale Côté Ô manifeste concrètement sa solidarité». Il suffit de cliquer sur le lien du site pour en connaître les modalités. «En même temps que nos équipes étaient inquiètes, on voulait qu’elles soient fières de nous. Cela a donné un élan, une inspiration», se réjouit Pascale Espaillard. Son initiative a fait des émules : le réseau de campings Homair Vacances a proposé à son tour des «bons cadeaux» au personnel soignant.

Les équipes sont mobilisées. Chez Côté Ô, l’heure est à identifier «toutes les nouvelles mesures barrières» avant de s’y former, et réfléchir à «des prestations différentes», adaptées au Covid-19 : personnaliser l’accueil directement dans les mobile-homes, cadencer les baigneurs dans la piscine, privilégier la vie de quartier, organiser par triporteur la livraison des repas si le restaurant n’ouvre pas.

L’approche de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air (FNHPA) n’est pas de créer une charte ou un label de plus. Notre objectif est de poser un cadre, validé par la profession et par l’État, pour permettre à tous les établissements de campings de disposer d’un référentiel commun qui apporte une garantie à tous les Français qui voudront partir au camping en vacances.

Nicolas Dayot, président de la FNHPA

Cependant la charte de Campings.com a pu créer une confusion : certains ont cru qu’elle engageait l’ensemble de la profession. Or, il n’en est rien. «Campings.com est une centrale de réservation qui connaît bien le secteur et qui a fait un premier travail très intéressant, réagit Nicolas Dayot. Mais cette charte est loin de couvrir toutes les activités des campings et va beaucoup moins dans le détail que ce que nous sommes en train de faire. »

Le président de la FNHPA souligne : «Nous avons la chance dans l’hôtellerie de plein air de pouvoir parler d’une seule voix, grâce à la Fédération et à ses structures apparentées (le Comité des groupes et des chaînes, les Fédérations départementales et régionales). Or, notre approche n’est pas de créer une charte ou un label de plus. Notre objectif est de poser un cadre, validé par la profession et par l’État, pour permettre à tous les établissements de campings de disposer d’un référentiel commun qui permette d’apporter une garantie à tous les Français qui voudront partir au camping en vacances d’été et d’être assurés de disposer d’un encadrement sanitaire adapté à la situation. Il ne s’agit pas de contrainte mais d’assurance qualité.»

De quoi rassurer ceux qui redoutent une multiplication des labels sanitaires, à l’image de Véronique Decamps, professionnelle passionnée de campings de standing et engagés dans le développement durable. Elle gère Le French Time, nouvelle marque associant deux chaînes historiques, Les Castels (60 ans de campings 5-étoiles où l’on peut planter sa tente dans le parc d’un château) et Sites & Paysages (38 ans de campings nature participatifs dans des sites remarquables ), soit un ensemble de 75 adresses.

Pour elle, «la cohésion nationale est essentielle à la réassurance» des professionnels et des clients. En attendant la décision de la Fédération, Le French Time s’adapte au temps du corona. «Comment éviter la file d’attente des vacanciers à l’arrivée ?». Comme dans l’aérien, Véronique Decamps songe qu’ils pourront présenter un livret numérique plutôt qu’une carte d’identité. Mais «Devront-ils porter des masques, venir avec ou devrons-nous les leur fournir ? Qu’en est-il du gel hydro alcoolique ?», voudrait-elle savoir.

 

Réinventer les activités

Son esprit est en ébullition. Il va falloir réinventer les activités si les tribus ne sont plus permises, aménager la règle des jeux. «On pourrait dire qu’à la pétanque, si vos boules sont côte à côte, vous avez perdu !». Elle imagine aussi installer des cinémas en plein air, organiser des apéros comme les Parisiens confinés en organisent en trinquant dans des cours d’immeuble à un mètre au moins de distance, ou des fêtes de voisins dans les allées.

Mais elle s’inquiète : «Nous avons des piscines partout, car nous sommes dans des sites d’exception en retrait des fronts de mer. Or les espaces aquatiques sont des facteurs déterminants pour beaucoup de familles. Y renoncer serait terrible. Quant aux clubs enfant, ce sera sans doute le plus problématique.»

 

Les piscines découvertes pourront être ouvertes

«De nombreuses inconnues demeurent, reconnaît Nicolas Dayot, notamment sur le volet scientifique, et nous manquons encore de réponses à certaines de nos questions. Il faut prendre en compte la sécurité de nos clients mais également celle de nos salariés et de nos partenaires, intégrer les hébergements comme les espaces d’accueil ou de loisirs, tant sur le versant privatif que sur le versant collectif de nos établissements. C’est un enjeu énorme et une équation complexe».

On l’aura compris : il est encore trop tôt pour donner tous les détails du plan sanitaire sur lequel travaille la FNHPA. Voici cependant des illustrations concrètes sur des services clés, selon son président :

  • Le nettoyage des commodités : «Nous allons vers une intervention par les usagers eux-mêmes avant chaque utilisation».
  • Les piscines : «Les taux de chlore dans les piscines collectives ou privées à usage collectif (comme dans les campings) garantissent la non diffusion des virus ou des bactéries et les piscine découvertes pourront être ouvertes. Ce n’est pas le cas à ce stade pour les piscines couvertes ou les spas. Cependant pour les piscines découvertes, l’objectif est de prévenir toute concentration que ce soit dans l’eau ou sur les plages : celles-ci pourraient être donc dépourvues de mobilier, des pictogrammes inviteront les clients à ne pas stationner et nous envisageons de recommander une surface minium par personne, pour ces espaces aquatiques comme d’ailleurs pour les terrains de sports.»
  • Les clubs enfants : «Nous allons recommander des animations à distance. De plus, nous envisageons de développer un kit de communication spécial COVID à destination des enfants pour en faire les relais des mesures à appliquer.»
  • Les bars et restaurants : «Le principe sera de systématiser la vente à emporter, en encourageant l’utilisation de contenants personnels, et la livraison sur l’emplacement sera même suggérée lorsqu’elle est possible.»
  • Les supérettes et boutiques : «Même règles que celles aujourd’hui en vigueur en ville : minimum de personnes admises dans le magasin, organisation de la queue, barrières de protection et gels hydro alcooliques…

Source Le Figaro

 

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