Liquidation de Travelink : la brigade financière serait sur le coup

Liquidation de Travelink : la brigade financière serait sur le coup

 

Les clients plantés réfléchissent à une action commune. En faites vous partie ?

 

Après le collectif des victimes de l’affaire Schneider, ce sont désormais les clients lésés suite à la liquidation de Travelink qui entendent bien réclamer justice. Le sinistre dépasserait les 2 millions d’euros, et la brigade financière serait sur les rangs, face au nombre élevé de plaintes déjà déposées…

 

Liquidation de Travelink : la brigade financière serait sur le coup

La faillite de Travelink dépasserait les 2 millions d’euros, et la brigade financière serait sur les rangs, face au nombre élevé de plaintes déjà déposées – DR : Capture d’écran Travelink

Encore une affaire qui se chiffre en millions d’euros volatilisés dans la nature !

Après l’affaire Schneider – ce garant financier qui a planté 144 opérateurs de tourisme, dont une soixantaine, réunis en collectif, ont estimé leur préjudice à plus de 2,5 M€ – place à l’affaire Travelink.  Le groupiste a été liquidé en novembre 2018.

Quatre mois après les faits, 148 personnes – sachant qu’une personne peut en représenter plusieurs – se seraient déclarées auprès du mandataire judiciaire, Me Gilles Pelligrini.

Le préjudice est estimé à plus de 2,75 millions d’euros… pour un actif disponible de 70 000€ !

A peu près la même somme que l’ardoise laissée à l’APST en 2013 par le tour-opérateur Différences, monté par Michel Cohen, l’époux de Marie Cohen, l’actuelle dirigeante de Travelink. Vous suivez ?

 

Des pratiques à la limite de la légalité ?

Vous allez dire que nous nous acharnons sur ces chefs d’entreprise, alors que tant d’autres exercent dans l’illégalité la plus totale.

On pense notamment aux coachs voyage et leurs pratiques border line, aux amis qui s’improvisent agent de voyages pour un groupe de connaissances ou aux tour-opérateurs qui ne s’immatriculent pas mais exposent tout de même sur les salons du tourisme en France… Mais cela fera l’objet d’autres articles.

Car dans le cas de Travelink, il s’agit bien de dizaines de clients qui ont été laissés sur le carreau, à quelques jours du départ, et pour des sommes conséquentes.

Parmi eux, des comités d’entreprises, avec des factures allant de 50 000 à plus de 500 000 €.

Certains ont pu partir, moyennant finances, d’autres cherchent à récupérer leurs acomptes.

Alors, bien sûr, il semble que le garant financier n’était pas en règle et que la gérante de Travelink, Marie Cohen, ait été mal conseillée par les courtiers qu’elle avait sollicités.

Pour autant, les clients lésés s’interrogent – à juste titre – sur les prélèvements de dernière minute effectués jusqu’à la mi-octobre, et ce, alors que la cessation de garantie financière émise par la commission d’immatriculation d’Atout France était prononcée depuis le 2 octobre.

Certains clients qui, en toute confiance, avaient communiqué leur numéro de carte bancaire au groupiste pour faciliter les prélèvements des acomptes, ont même été débité deux fois.

« C’est arrivé en plein mois d’août, nous explique l’un d’entre eux. C’est comme s’ils avaient profité que tout le monde soit en vacances pour faire la manip’ », s’interroge-t-il avec le recul.

De son côté, les gérants de Travelink avaient justifié cette erreur par un problème de communication au sein des équipes. Certes.

Où est passé l’argent ?

Il faut dire que, selon les témoignages, les Cohen étaient très doués pour mettre les clients en confiance.

« Les prestations étaient de qualité et à des prix défiant toute concurrence », témoigne un client. « Ils m’invitaient à des éductours pour tester le voyage que je proposais ensuite à mon groupe. A partir de là, difficile de refuser », se remémore un autre.

Toutefois, dès qu’ils ont appris le dépôt de bilan du voyagiste, les clients se sont hâtés de stopper les prélèvements auprès de leur banque et de faire opposition aux chèques, histoire de récupérer une partie des acomptes versés.

Avec le recul, certains se sont aussi rendus compte qu’ils n’avaient jamais reçu les factures des derniers voyages.

Et tous se demandent où a bien pu passer l’argent…

« Dans le tourisme, il est assez facile de vider les comptes vers l’étranger, nous explique un agent de voyages.

Vous créez un dossier au nom d’une fausse société, vous faites une facture puis un virement bancaire dans un pays où il est difficile de rapatrier de l’argent, Israël par exemple. Puis vous annulez le dossier, mais l’argent est déjà parti.

Étant donné que la réservation n’est ni échangeable, ni remboursable, et que le client en France n’existe pas, et n’a donc pas versé d’acompte, l’argent est parti quand même !

Alors où va-t-on pomper l’argent ? Dans les capitaux de la boite, dans les avances des autres clients : au bout d’un an, ça fait vite un million d’euros ! »

Des garanties expirées ?

De là à imaginer un tel scénario pour Travelink… Nous laisseronsdonc la brigade financière mener son enquête.

Car, en effet, elle serait sur le coup, suite au nombre important de plaintes déposées par les clients pour escroquerie auprès du commissariat de Police de Saint-Maur-des-Fossés (94), commune où est domiciliée le Groupiste.

Certains clients comptent même aller plus loin, en se regroupant pour mener une action pénale, avec constitution de partie civile.

Autre fait troublant : nous vous parlions il y a quelques semaines de son numéro de Responsabilité Civile Professionnelle (RCP), qui sur son site Internet, était souscrit auprès de Generali… mais qui appartenait en réalité au contrat d’un exploitant agricole expiré depuis 2012.

Il semblerait qu’il en soit de même avec son assurance voyage souscrite auprès d’AXA. Des clients qui ont dû être rapatriés courant 2018 attendent toujours d’être remboursés. Et pour cause, AXA ne garantissait plus Travelink depuis le 31 janvier 2018, faute de paiement.

Contacté par nos soins, l’avocat de Travelink n’a pour l’heure pas répondu à nos interrogations.

 

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