Les restaurants Courtepaille en cessation de paiements

 

Les restaurants Courtepaille en cessation de paiements

 

Quatre prétendants auraient déjà fait connaître leur intérêt pour la chaîne de restauration qui emploie 2 700 personnes.

« Fermé aujourd’hui ». Sur la carte de France des restaurants Courtepaille, la même litanie s’égrène le long de la route des vacances. Avec seulement 55 restaurants ouverts sur 187 détenus (hors franchise), la chaîne préférée du couple présidentiel Brigitte et Emmanuel Macron peine à se relever de la crise due au Covid-19. De source syndicale, elle s’est même déclarée mardi 21 juillet en cessation de paiements auprès du tribunal d’Evry, afin de déclencher l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. Une audience en ce sens est prévue le 27 juillet. Cette démarche « technique », selon un bon connaisseur du dossier, vise à faciliter une restructuration de Courtepaille, avant sa reprise.

Car, malgré ses difficultés, l’enseigne née en 1961, en Bourgogne, au bord de la nationale 6, suscite l’appétit. Selon plusieurs sources, quatre prétendants ont fait connaître leur intérêt dans le cadre de l’appel d’offres organisé par la banque Lazard pour le compte d’ICG, le fonds britannique propriétaire de Courtepaille.

Le boulimique groupe Bertrand, numéro un français de la restauration (Hippopotamus, Bert’s, Brasserie Lipp, La Coupole…) serait le mieux placé, devant Butler Industries, la holding du spécialiste des entreprises en difficulté, Walter Butler (propriétaire du Paradis latin et ancien actionnaire des brasseries Flo), le fonds d’investissement Naxicap, actionnaire de l’enseigne familiale La Boucherie, et enfin Buffalo Grill, grand concurrent de Courtepaille.

Les restaurants Courtepaille en cessation de paiements

3 000 emplois menacés

Le groupe, déjà en difficulté, paye son manque d’investissements selon les syndicats. “Les établissements sont pour une partie d’entre eux, assez vieillissants, et au fil des années, ils n’ont pas su garder leur clientèle“, regrette Thierry Boukarabila, délégué syndical central FO. 187 restaurants sur 300 seront cédés, et 3 000 emplois sont menacés. La direction assure qu’elle sera vigilante.

Le tribunal choisira le repreneur en fonction du nombre de sites repris, du montant prévu des investissements et des engagements formulés en termes d’emploi. Le groupe compte quelque 2 700 salariés.

Courtepaille a déjà traversé de fortes turbulences ces dernières années. D’abord créancier, ICG avait pris le contrôle de l’enseigne en 2015, au terme d’une crise de gouvernance, en convertissant la dette qu’il détenait en capital. Il avait ainsi évincé un autre fonds, Fondations Capital, qui avait acquis 53 % de Courtepaille en 2011 pour 245 millions d’euros, dans le cadre d’une opération avec effet de levier ou LBO (leveraged buy out).

Sur fond de résultats 2019 déjà décevants, selon une source, le roi des grillades avait sollicité un prêt garanti par l’Etat (PGE) mais ne l’a pas obtenu, à ce stade. La politique de Bercy consiste à mettre la pression sur les entreprises dont les difficultés avaient démarré bien avant l’épidémie de Covid-19 pour qu’elles prennent des mesures structurelles, recapitalisation voire cession, avant de recevoir l’argent du contribuable. La chaîne d’ameublement Conforama n’a ainsi décroché un PGE qu’après avoir conclu un adossement à son concurrent But.

 

C’est une nouvelle victime de la crise. Courtepaille, la chaîne de restauration, s’est déclarée en cessation de paiement. Les clients affichent leur déception. “Je me demande pourquoi fermer des établissements comme ça“, lance un homme. “C’est assez dommage mais comme beaucoup d’entreprises, ils subissent la crise“, avoue une femme. Ouverte il y a près de 60 ans, cette enseigne historique n’a pu résister à la crise. Seulement un restaurant sur quatre a pu rester ouvert après trois mois de fermeture. Résultat : -40 % de chiffre d’affaires.

 

Source Le Monde 

 

 

 

 

 

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