Un vote pour remplacer les pourboires des serveurs par un salaire minimum

Un vote pour remplacer les pourboires des serveurs par un salaire minimum

Pourboires contre salaire minimum, aux états Unis qui remportera les faveurs des électeurs de Washington? Un vote est organisé ce mardi dans la capitale fédérale des États-Unis sur le «Minimum Wage Amendment Act», aussi appelée «Initiative 77». Si cette proposition était adoptée par les électeurs à l’issue de la consultation, tous les employés du secteur de la restauration recevraient un salaire horaire minium fixe. Une nouvelle qui est loin de réjouir toute la profession. Beaucoup craignent en effet les conséquences sur la pratique du pourboire, très ancrée dans la culture américaine.

Un vote pour remplacer les pourboires des serveurs par un salaire minimum

Les serveurs et serveuses, trop dépendants aux pourboires

Dans le district de Columbia, comme dans plusieurs autres États américains, les employeurs de personnes rémunérées au pourboire sont exemptés de payer un salaire minimum légal, fixé à 12,50 dollars par heure. Certains serveurs et serveuses ne sont ainsi payés que 3,33 dollars de l’heure et les pourboires des clients doivent permettre de compenser pour atteindre le minimum légal. Dans le cas contraire, c’est à leur patron de compléter pour atteindre la somme de 12,50 dollars. Mais la réalité est parfois différente: au moins 5% des employés payés au pourboire ne voient pas leur rémunération ajustée par leur employeur, selon un audit réalisé auprès de 600 établissements de la ville, rapporte le Washington Post .

Un vote pour remplacer les pourboires des serveurs par un salaire minimum

Partisans et opposants de cette proposition, qui instaurerait dans la ville un salaire minimum de 15 dollars de l’heure d’ici à 2025, se font face, à grands coups de campagnes d’affichage et de distribution de tracts dans les rues de la ville. Les détracteurs, à l’origine du mouvement «Save Our Tips» (Sauvez nos pourboires), considèrent que l’instauration d’un salaire minimum entraînerait une baisse de leur rémunération, puisque certains gagnent actuellement plus que le minimum proposé grâce aux pourboires. De l’autre côté, les soutiens de «One Fair Wage» (Un salaire juste) veulent lutter contre les abus des patrons, les discriminations envers les employés sans contact avec les clients et contre le harcèlement sexuel.

«Dépendre des pourboires signifie subir des avances non sollicitées et des commentaires pour ne pas perdre le pourboire d’une table avec une grosse addition», a relevé M. Maggiano, qui siège au conseil de l’organisation Restaurant Opportunities Centers United, cité par l’AFP. Mais pouvoir disposer d’un salaire minimum est aussi un gage d’une plus grande stabilité contrairement au caractère aléatoire des pourboires. «Certaines semaines vous n’allez pas avoir ce que vous vous attendiez à avoir. Tout peut arriver et, soudainement, vous comptez sur votre dernier service avant de payer votre loyer, ou de payer vos factures, mais vous n’allez pas être en mesure de le faire», raconte Woong Chang, barman, à propos de la dépendance aux pourboires dans la restauration.

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Salaire minimum et hausse des prix?

Outre la question de la rémunération, d’autres sont également méfiants en raison du bouleversement qu’il pourrait entraîner dans le secteur de la restauration. Selon les détracteurs de l’initiative, les prix sur les menus devraient augmenter pour incorporer ce surcroît de dépense du côté employeur, lié au paiement des salaires fixes. Les clients devraient être alors moins généreux envers leur serveur face à une addition plus salée, ce qui pénaliserait ceux-là mêmes que la mesure doit aider. Certains établissements pourraient même ne pas supporter la hausse des coûts liée à ce nouveau système et devoir mettre la clé sous la porte.

Par ailleurs, si les pourboires ne devraient pas complètement disparaître des tables, tradition oblige, ils devraient fortement diminuer, alors que pour certains professionnels du secteur, ils sont justement le garant d’un service de qualité. «Je pense que le service est vraiment bon aux États-Unis en partie parce que les gens dépendent des pourboires quasiment à 100%», indique Natalia Ribera, une jeune barmaid.

 

Le Figaro 

 

 

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