Certains habitants du 65, rue d’Aubagne ont échappé à la mort à quelques minutes près. Comme Rachid, descendu dans la rue pour acheter des cigarettes. A peine sorti, son immeuble s’est effondré comme un château de cartes. Chez lui, se trouvaient encore Taher et Cherif, deux amis qui lui avaient rendu visite. Ils font partie des huit morts recensés dans le drame du quartier de Noailles. Libération a tenté de reconstituer leurs biographies.

Julien, réceptionniste, 30 ans

Il venait de fêter son trentième anniversaire, il y a deux semaines, entouré de ses amis. Ses cadeaux, une guitare et une basse, même si «c’était surtout un excellent danseur de salsa», précise Léa, une amie proche. Julien avait débarqué à Marseille il y a deux ans. Avant, ce Franco-Péruvien vivait à Lima, au Pérou, où ses parents résident encore. «Mais avec tout un groupe de copains, on avait décidé de rentrer en France», raconte Léa. Ils choisissent Marseille. Julien travaille comme réceptionniste dans un hôtel du Vieux-Port, face à la mer. La mer, il l’a arpentée des années durant, en officiant comme conférencier sur les bateaux de croisière. «Il évoquait les pays que les gens allaient visiter, poursuit Léa. C’était quelqu’un de très cultivé, et très tourné vers les gens. Du genre très attractif amicalement.» Ses amis ne venaient pas souvent rue d’Aubagne, où Julien avait emménagé en juin. «Il était content de l’appartement au début et moins après», dit Léa. D’ailleurs, Julien avait prévu de quitter son logement pour rejoindre une colocation, fin novembre. Le matin du 5 novembre, il n’aurait pas dû être chez lui. On l’attendait à l’hôtel à 7 h 30, mais le jeune homme n’avait pas pu se rendre à son travail : sa porte d’entrée ne fermait plus.

Ouloume, plongeuse dans un restaurant, 55 ans

Ouloume avait d’abord quitté Hahaya, aux Comores, pour vivre à Mayotte avant de rejoindre Marseille. C’est là que sont installés ses plus grands enfants. Le plus jeune de la fratrie de six, Elamine, n’a que 9 ans. Le matin du 5 novembre, Ouloume l’a emmené à l’école non loin de son domicile de la rue d’Aubagne. Elle est ensuite rentrée chez elle, quelques minutes avant l’effondrement. «Elle devait juste récupérer des papiers», ont déclaré à la presse ses fils, Imane et Abdou. Leur mère, qui faisait la plonge dans un restaurant le soir, était une femme «courageuse, qui s’entendait avec tout le monde», ont-ils ajouté. La famille n’est rentrée que dimanche des Comores, où ils sont partis enterrer Ouloume.

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